La kosmocompany est une structure encadrant le travail de création de Clément Thirion. Acteur, chorégraphe, auteur et metteur en scène, il développe un langage scénique nourri de ses multiples sensibilités. Ses créations portent un regard mordant sur l’humain dans toutes ses contradictions à travers une recherche formelle et esthétique. Cette démarche se développe sur un fil tendu entre lard et cochon, danse et théâtre, douceur et cruauté, naïveté et fatalisme, exigence intellectuelle et simplicité du geste.
La kosmocompany trouve ses racines dans l’organisation d’un événement urbain éphémère, inspiré des flashmobs : The Blast Dance, organisé pour la première fois en 2011.
Les deux premières créations scéniques de la compagnie, [weltaunschauung] (2013) etFRACTAL(2016), affirment sa singularité dans le paysage culturel. Entre discours scientifique, danse aérobique et dérive poétique, s’y exposent nos angoisses existentielles et métaphysiques les plus profondes.
En 2018, Clément Thirion aborde pour la première fois un texte dramatique contemporain questionnant un sujet de société : Mouton Noir d’Alex Lorette, dénonce dans une mise en scène gymnastique et acidulée, le harcèlement scolaire.
En 2019, Pink Boys and Old Ladies (commande d’écriture à l’autrice Marie Henry) met en fiction un fait divers : l’expérience d’un petit garçon et de son père portant des robes sur le chemin scolaire. Pour cette création, Clément Thirion radicalise son approche du plateau, en concevant une mise en scène flirtant avec la chorégraphie.
En 2021, c’est cette approche spatiale et corporelle de la dramaturgie qu’il pousse plus loin encore dans NORMAN c’est comme normal, à une lettre près, une version de Pink Boys and Old Ladies pour tous les publics dès 7 ans.
La prochaine création de la compagnie, DANSE MACABRE: les matières sombres aboutira le 8 octobre 2024 au Théâtre Varia. Il s'agira d'un solo de danse théâtrale, créé et interprété par Clément Thirion.
Ayant bénéficié d’un soutien pluriannuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles entre 2018 et 2023, la compagnie a développé une méthode de travail unique alliant entraînements d’acteur.rices ouverts aux professionnel.les et laboratoires préparatoires aux créations.
Cette méthodologie continuera à enrichir les futurs travaux de la compagnie. Actuellement, Clément Thirion développe deux nouveaux projets : Danse Macabre: les matières sombres(création prévue en novembre 2024) et VIANDE (titre provisoire, nouvelle collaboration avec Marie Henry, création prévue en 25-26).
Depuis 2018, la kosmocompany collabore avec BLOOM Project pour le développement de ses projets, à travers un accompagnement en production et en diffusion. BLOOM Project assure notamment la production des tournées de NORMAN c'est comme normal, à une lettre près.
Depuis la saison 22-23, Clément Thirion est artiste associé au Théâtre Varia – Bruxelles.
La kosmocompany est aujourd'hui subventionnée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, à travers un contrat-programme s'étendant de 2024 à 2028.
La recherche constitue une plus-value au travail de création. Elle permet d’explorer et d’affiner des pistes de travail, d’étayer des intuitions. Elle autorise également à rencontrer l’échec et à abandonner des idées, sans fragiliser les budgets de création.
La formation continue est l’extension du principe de recherche artistique, mais axée cette fois sur l’artiste-même. Le corps est un outil d’expression dramatique qui s’entretient, s’améliore et se perfectionne. La relation d’un.e artiste-interprète à son propre corps témoigne souvent de sa relation au travail de création.
Recherche artistique et formation continue constituent par conséquent un seul et même état d’esprit, celui du désir d’ouverture des possibles, condition essentielle à la création contemporaine.
La kosmocompany travaille à valoriser et à rendre visibles les pratiques quotidiennes des artistes, et à affirmer le besoin d’étendre l’offre de formation continue en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Entre 2018 et 2020, la kosmocompany a invité divers·es pédagogues à partager leurs pratiques et expertises lors de stages ponctuels, ouverts aux professionnel·les des arts de la scène moyennant inscription et participation financière démocratique aux frais. Ces stages s’organisaient indépendamment des périodes de création et de recherche en interne de la compagnie.
Depuis 2021 jusqu’à aujourd’hui, les stages ne s’organisent plus qu’en lien direct avec les périodes de recherche et de création de la compagnie. En effet, la kosmocompany affirme par-là être une compagnie de création scénique ouvrant et partageant son processus créatif à celles·eux qui le souhaitent.
Par exemple, en amont de la création de NORMAN c’est comme normal, à une lettre près, l’équipe artistique de ce projet a ressenti la nécessité d’expérimenter les Viewpoints. L’équipe artistique a donc été rémunérée pour participer à un stage Viewpoints dirigé par Clément Thirion. Ce même stage s’ouvrait également aux professionnel·les des arts de la scène, qui pouvaient s’inscrire moyennant une participation de 50 € pour la semaine. Durant ce stage, l’équipe artistique et les participant·es externes ont donc expérimenté les Viewpoints ensemble, utilisant des bribes de texte de la création en cours comme matériau de travail.
Clément Thirion est diplômé de Arts2 en Art Dramatique en 2006. Il poursuit sa formation en participant à l’École des Maîtres en 2008, sous la direction du metteur en scène brésilien Enrique Diaz. Entre 2014 et 2018, il se forme aux méthodes d’entraînement pour acteur·rices Suzuki et Viewpoints auprès de la SITI Company (NYC).
Son parcours professionnel en tant qu’interprète est caractérisé par un relatif éclectisme, alternant les répertoires et les genres sous la direction d’artistes contrastés.
On a pu le voir dernièrement, durant la saison 21-22, dans le rôle-titre muet de Stanley — small choice in rotten apples de Simon Thomas à l’Atelier 210, et dans George de Molière, le Grand Divertissement Royal de la Clinic Orgasm Society au Théâtre Varia, où il alterne les rôles de composition et où il signe les chorégraphies. Ces deux prestations lui ont valu d’être nommé « Meilleur interprète » aux Prix Maeterlinck de la Critique.
En outre, il se met régulièrement au service de divers metteur·ses en scène en tant que chorégraphe, créant des séquences dansées, ou réglant les circulations sur le plateau ou encore en portant un regard sur la dramaturgie corporelle globale.
Il collabore également avec des porteur·ses de projet en tant que metteur en scène, notamment avec Jérôme Piron et Arnaud Hoedt (La Convivialité, Kevin).
Il dirige régulièrement des stages à destination des professionnel·les. Il enseigne le mouvement dans l’Enseignement Supérieur Artistique, à l’ESACT (Liège) et à Arts2 où il enseignera également l’Art Dramatique prochainement.
Fort de ses expériences dans le domaine de la formation continue, il collaborera ponctuellement avec Sylvie Landuyt à la nouvelle direction du Centre des Arts Scéniques.
En août 2022, il participe à la création internationale Strange Beauty (une coproduction du Théâtre de Liège et de la National Theater Company of Korea) sous la direction du metteur en scène Sud-Coréen Yosup Bae. C’est à cette occasion qu’il écrit les mots suivants, portant un regard réflexif sur son propre travail de créateur :
« Je suis né à Mouscron, une ville belge située sur deux frontières : celle avec la France, et celle avec la Flandre.
Grandissant dans un environnement picard, on m’a toujours pris pour un français dans le reste de la Belgique, mais comme un belge lorsque j’allais en France.
Enfant, j'étais fasciné par les merveilles de la nature et j'ai développé un énorme appétit pour les mathématiques, la physique et les sciences en général. Cependant, je passais mon temps libre à faire de la musique et du théâtre. Je suis ainsi devenu un scientifique parmi les artistes, et un artiste parmi les scientifiques.
Ce sentiment d'être situé entre deux identités a certainement imprimé un schéma en moi-même et semble avoir façonné mon approche des arts de la scène.
Diplômé en Art Dramatique, je me suis vite retrouvé à penser que le théâtre n'était pas assez physique et que la danse n'était pas assez bavarde. J'ai donc créé ma propre théâtralité à travers ma première création plateau : [weltanschauung]. Ce titre allemand était aussi ardu à prononcer pour les francophones que le spectacle était difficile à classer : un mélange de danse, de théâtre, de conférence scientifique et de performance vidéo.
Ma création suivante, Fractal, déployait un ballet mathématique pour 27 danseur·ses dans le cadre d'une conférence scientifique sur la vie extraterrestre. J'ai été perçu comme un chorégraphe dans le paysage professionnel, mais l’étiquette « danse » m'a toujours semblé être un malentendu —bien qu’assez plaisante à porter.
J’ai donc décidé de me lancer un défi en me confrontant au « Théâtre avec un grand T » : j'ai mis en scène trois textes contemporains à la suite. Au-delà de l'expérimentation du poste de metteur en scène, cela m'a permis de prendre conscience du mécanisme en jeu dans ma démarche de création : construire une relation formelle mais organique entre le corps, l'espace et les publics, que ce soit par la danse ou par le texte.
J’ai également réalisé qu’il m’est nécessaire, pour comprendre un texte, de découvrir d'abord l'espace physique qu'il suggère, ou requiert. Ce qui signifie pour les comédien·nes avec lesquel·les je travaille, que le corps et l'espace priment, rompant l’approche psychologique du jeu. Je les encourage plutôt à articuler le texte comme une partition sonore et physique qui serait ensuite intériorisée, comme le feraient des danseur·ses avec des pas.
Mes chorégraphies, en revanche, sont souvent construites sur des structures irrégulières et impaires obligeant les danseur·ses à mémoriser des séries de chiffres ou de lettres et à danser dessus. Cela crée une sorte de casse-tête qu'il est nécessaire d’intégrer afin de donner vie et chair à ces schémas conceptuels.
Je constate ce faisant que je demande aux acteur·rices de suivre leur corps avant leur cerveau, et aux danseur·ses de suivre leur cerveau avant leur corps. L’ambivalence semble effectivement faire partie de mon ADN, et contribue à construire mon identité.
Aujourd’hui, je ne me sens plus avoir « le cul entre deux chaises ». En effet, entre le théâtre et la danse, il n’y a pas un vide inconfortable au-dessus duquel je serais assis. Entre le théâtre et la danse, il y a un espace aux contours ambigus, un paysage à écrire, une toile à peindre.
« Tout est à inventer dans cet espace aux frontières ambiguës et aux contours ambivalents. Dans l'ENTRE-DEUX, plus rien n’oblige à mettre de noms sur les choses. Les morceaux de puzzle ne s'emboîtent plus avec une pièce unique, ils s’entrelacent à l'infini avec toutes. » Marie Henry, Pink Boys and Old Ladies, 2019. »
L’asbl KOSMO, fondée en 2011, est la structure juridique de la kosmocompany.
Son conseil d’administration est actuellement constitué de 3 membres :
Marine Haulot
Mathieu Huberty
Laetitia Noldé
Outre l’utilisation d’outils d’intelligence collective et de communication non-violente favorisant un climat respectueux de tous·tes, la kosmocompany tend à créer un cadre de travail safe, bienveillant et inclusif, plus particulièrement —et dans un premier temps— envers les personnes LGBTQIA+. Notre volonté est d’ouvrir ensuite notre champ d’action pour lutter contre toute forme de discrimination.
Tout ce qui est à prêter, louer, donner...